ACTIONS CULTURELLES AUTOUR DES SPECTACLES DE LA CIE LA PART DE L'INVISIBLE


Créer un spectacle c’est aussi se poser la question de la transmission et de la réception.

« Entre l’acteur et le fou il y a le public » disait L. Calaferte.

 

Transmission, enseignement et création sont des processus intimement liés, qui s’éclairent l’un l’autre.

Transmettre, c’est prolonger par d’autres moyens les questions qui nous ont animés tout au long du processus créatif ayant conduit à la fabrication du spectacle.

 

En ce sens, nos propositions pédagogiques ne sont jamais des collections d’exercices détachés d’une proposition théâtrale précise, singulière. Toutes les activités pédagogiques que nous proposons sont reliées à des objets, à des questions ayant eu une place prépondérante lors des répétitions, au cours de la création du spectacle. Ainsi, les élèves partagent le cœur du travail artistique, ils sont partie prenante de ce qui se fabrique.

 

L’enseignement ne saurait être envisagé autrement que comme un réel partage, un échange.

 

Transmettre c’est enrichir, nourrir, questionner, alimenter le travail, notre travail.

Rachel Da Silva - Cie La Part de l'Invisible

LA LÉGENDE DE SAINT JULIEN L'HOSPITALIER

De l'émotion picturale à la légende

  L’écriture de La Légende de Saint Julien l’Hospitalier provient d’un choc esthétique, la découverte d’un vitrail dans la cathédrale de Rouen que Flaubert découvre alors qu’il était adolescent.

Il gardera cette émotion intacte toute sa vie et écrira ce récit juste avant sa mort.

 

Nous proposons aux élèves, une expérience similaire à celle qu’a pu faire Flaubert à leur âge, c’est-à-dire partir également d’une œuvre picturale afin d’élaborer ensemble leur propre légende.

 

Déroulé synthétique de l'intervention :

  • Temps d’observation libre et individuel de l’œuvre (en s’inspirant de la même méthode qu’a pu utiliser Flaubert pour écrire ce conte à savoir, association libre, d’images, d’évocations comme un rêve éveillé)

  • Temps de mise en commun par petits groupes dont la finalité sera de dégager les axes autour desquels pourra s’articuler l’écriture d’une légende

  • Les groupes seront redistribués en fonction des affinités de chacun par rapport aux axes d’écritures choisis. 

 

  • Ces axes seront maintenant le support de l’élaboration d’un récit qui à l’instar des contes, sera construit oralement. Des médiations écrites sous forme de notes pourront être mobilisées pour faciliter ce travail.

  • Les différents groupes se succèdent pour présenter leur légende en fin d’atelier. La prise en charge du récit sera assumée par tous les membres du groupe.

  • Selon le temps accordé à cet atelier, un travail d’interprétation théâtrale pourra être développé ainsi qu’une réflexion autour des choix possibles de mise en scène.

Le Gueuloir - Mise en lecture de la prose de Flaubert

Cette intervention pédagogique se propose de faire découvrir la prose de Flaubert par un travail de la lecture à voix haute.

 

Loin d'être un simple exercice gratuit, c'est un moyen d'aller à la rencontre du processus créatif de l'auteur.

 

La lecture à voix haute était pour Flaubert, une étape incontournable dans la fabrique de ces textes. C'était le moment du Gueuloir.

 

"Je vois assez régulièrement se lever l’aurore (comme présentement), car je pousse ma besogne fort avant dans la nuit, les fenêtres ouvertes, en manches de chemise, et gueulant, dans le silence du cabinet, comme un énergumène !" (Lettre à Madame Brenne, 8 juillet 1876.)

 

Par la lecture à haute voix, Flaubert vérifiait la perfection des phrases, la cohérence de leurs enchaînements. C'était l'ultime étape du travail d'écriture.

 

"Les phrases mal écrites ne résistent pas [ à l'épreuve de la lecture à voix haute] ; elles oppressent la poitrine, gênent les battements de cœur, et se trouvent ainsi en dehors des conditions de la vie".

 

Par-là Flaubert nous indique aussi, et c'est sur ce point que se fonde notre démarche, que sa prose est conçue pour être dite. Qu'elle nécessite donc un corps qui la porte pour pouvoir résonner.

 

À travers un corpus de texte sélectionné dans l'ensemble de son œuvre, la compagnie invite les acteurs de cette intervention pédagogique à choisir un ou des extraits et de travailler les conditions de leur lecture.

 

Les extraits choisis pour l'intervention représenteront la diversité de motifs, de situations, d'émotions que l'on rencontre dans l'œuvre de Flaubert ; du tragique au risible ; du réalisme le plus tranchant à l'exagération la plus surprenante. Ainsi chaque protagoniste de l'intervention pourra trouver un chemin pour entrer dans l’œuvre de Flaubert.

 

Déroulé synthétique de l’intervention :

 

Premier temps : Introduction à Flaubert, sa personnalité, son œuvre, avec quelques citations qui viendront éclairer l’engagement, la personnalité de Flaubert.

  • Temps de Lectures, de découvertes des extraits de textes.
  • Échauffement mise en disponibilité du corps et de la voix.
  • Proposition de divers exercices afin d’aborder la diction, la projection de la voix dans la relation à soi, son intériorité.

Deuxième temps : D'où la voix prend racine et comment la mobiliser en relation au texte.

  • Exercices en groupe et individuel en fonction des extraits choisis
  • En fin d'atelier lectures d'extraits devant le groupe.


voyage vers les mondes végétaux

Chantier de mise en lecture de textes consacrés aux végétaux

Cette intervention pédagogique à pour point de départ la même question qui a motivé la création du spectacle Voyage vers les Mondes végétaux : accordons-nous une attention suffisante au règne végétal et aux entités dont il est peuplé ?

Nous touchons là à ce que le Botaniste Francis Hallé nomme « le maléfice de l'omniprésence » : de la minuscule touffe de graminée profitant d'une anfractuosité du béton pour s'épanouir, aux monstrueux platanes, les végétaux sont partout, mais dans leur extrême banalité, ils se dérobent à notre regard.

 

Le cœur de notre proposition pédagogique vise à conjuguer ce maléfice en empruntant le chemin de la littérature et de la poésie.

 

Par un travail de lecture à haute voix de certains auteurs, dans une approche sensible et ludique, nous proposons aux élèves de porter une attention accrue au règne végétal. Loin de s'opposer à la botanique ou à la biologie, la poésie et la littérature sont des médiations qui augmentent le regard porté sur les végétaux et permettent d'en dévoiler toutes les complexités.

 

L'objectif de cette intervention pédagogique et donc double :

- Augmenter la sensibilité et la compréhension de l'élève vis-à-vis du règne végétal par le biais de la littérature.

- Travailler l'expression orale par la lecture à voix haute. Permettre aux élèves d'être en capacité de restituer les enjeux dramaturgiques des textes lus.

 

Les auteurs :

Il s’agit de Francis Ponge, de Rainer Maria Rilke, de Colette, de Pierre Jourde, de Virgile, de Maeterlink, de Flaubert, de Umberto Pasti, soit autant de points de vue pour éclairer le même objet et dévoiler toute la complexité de sa réalité.

 

Autant de points de vus donc, permettant de faire saillir la diversité des relations possibles que l'homme peut entretenir avec le règne végétal. Les textes se répondent, des échos se créent, ou au contraire, les points de vue se télescopent. Une vision se dégage, elle peut être sublime, inquiétante, drôle ou ridicule.

 

A la pluralité des regards se superpose, la diversité des registres de jeu possible avec ces textes : Du burlesque avec Bouvard et Pécuchet de Flaubert qui en parfaits néoruraux, s'échinent à devenir des parfaits jardiniers. Du lyrisme avec Maeterlink, pour qui la reproduction des plantes est digne des grands drames shakespeariens. Du tragique avec Rainer Maria Rilke qui fait un parallèle entre le développement d’un figuier et la destinée humaine….